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fast-portrait

19 novembre 2009

Depuis le 7 septembre 2008, soit plus d'un an, ce

Depuis le 7 septembre 2008, soit plus d'un an, ce blog vous a proposé de temps à autre des portraits sous diverses formes. Enfin c'est plutôt les lecteurs qui nous ont proposé des portraits.bush

Mais alimenter deux blogs est un peu trop envahissant... et une sous-alimentation bloguesque entraîne une sous-visitation...
J'ai donc décidé d'arrêter là l'aventure, mais je ne mets pas la clé sous la porte, je laisse la porte ouverte pour accueillir les voyageurs de passage.

Et je remercie du fond du cœur tous ceux qui m'ont aidée à faire vivre cette idée.

Illustration : portrait de Georges W Bush par Jonathan Yeo
(clique sur l'image pour la voir en grand, ça vaut le détour !)

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19 novembre 2009

L'écumoire

 Au dessus de leurs pommettes commençait une confucius
écumoire. Les grains de beauté et les taches de rousseur, qui avaient jadis régné sur cette région de leur figure, étaient éclipsés par de petits trous qui descendaient sur leurs joues, jusqu'aux commissures de leurs lèvres, en vagues et remous, avant de remonter sur les ailes de leur nez (où, précisément, il y en avait huit, un chiffre favorable pour les chinois), en formation plus serrée que ne le prétend la version officielle, consignée dans les Annales des Ming. Ces huit trous, disposés de la même façon sur leurs cinq appendices nasaux, témoignaient de la ressemblance parfaite entre l'Empereur et ses sosies. Puis l'écumoire se propageait sur leurs mentons, disparaissait dans les plis de leur peau et ressurgissait sur leurs cous. Telle était la carte topographique de leurs visages, ces cinq terrains pareillement accidentés.

Dai Sijie - L'acrobatie aérienne de Confucius
Texte proposé par Annick, du blog "En cheminant"

12 octobre 2009

Rien à trouver en haut ni au-dedans

Les yeux d’Anchise sont toujours plein de sommeil, on pourrait penser qu’Anchise est un peu ahuri, qu’il est un peu borné, on pourrait le penser. Il y a fort à parier que ça ferait beaucoup rire Anchise, de ce rire sans joie mais qui garde mystérieusement quelque chose de l’enfance qui n’a pas eu le temps de prendre, il y a fort à parier qu’il s’en foutrait complètement, il se fout du tiers, comme du quart, dit encore la Thomas, il y a longtemps qu’il ne cherche plus à prouver quoi que ce soit, à passer pour ce qu’il est ou ce qu’il n’est pas ni même à être quelqu’un, on pourrait penser qu’il est un peu juste, un peu crétin, qu’il ne vole pas très haut et en effet il n’est pas dans les hauteurs, il ne croit pas qu’il y ait quelque chose à trouver en haut ni même au-dedans, il croit qu’il faut se tenir au plus près, à fleur de peau, de tête, d’eau mais à fleur, il n’y a rien à trouver en haut ni au-dedans, pas de vérité plus grande ni profonde que celle qu’on a sous les yeux et sous les mains, si c’était à refaire il ne planterait plus de légumes, surtout pas de ceux qui poussent sous la terre, pas de racines qui sont si bonnes n’est-ce pas pour la santé, il ne planterait plus que des fleurs, des fleurs à foison, une insurrection de fleurs qui jetteraient leur poudre aux yeux, le temps d’un seul été.


« Anchise » Maryline Desbiolles, proposé par Annick



7 octobre 2009

triste damoiselle

Elle n'est pas jolie. Mon Dieu, qu'elle est vilaine ! Tout son visage est tiré vers le bas, les lèvres pincées, les  damoisellepaupières tristes, le nez légèrement busqué. Son corps est sec, sans forme, comme une fillette qui aurait trop grandi : pas de seins, pas de fesses, pas de hanches ni de ventre, une enfant mal nourrie. Et jamais elle ne sourit. Elle pleure souvent. Arrêtée pour une infraction au code de la route, elle proteste en larmoyant, essaie de négocier, écope le maximum. Elle ne se remet pas de tant d'injustice. Elle sanglote, est bouleversée. Et personne n'ose lui rappeler qu'elle l'a bien grillé, ce stop.
On raconte en rigolant des examens et chacun y va de son anecdote. Qui s'est fait rembarré par un vieux con. Qui a séché avec panache. Qui a usé de tout son charme pour grappiller quelques points. On rit des mésaventures somme toute passées. On la regarde, et toi ? Il ne fallait pas. Elle pleure encore une note mal digérée. On se regarde un peu gêné. Allez, c'est terminé. Allez, faut oublier. Elle se cramponne à sa révolte. C'était pas juste, pas justifié.

On l'aime bien, on la soutient, on lui pardonne, on lui reconnait plein de qualités. Mais pas celle de savoir prendre la vie du bon côté.

Texte de Berthoise (illustration Giacometti)

15 septembre 2009

La nounou par Luc

nounou

Depuis jadis, ce sourire et ce mouvement me hantent.
“Hantez” me dit-elle.
La scène que je fis à mes parents,
lorsqu’ils la congédièrent pour quelques sous piqués dans le tiroir,
reste d’anthologie, dans la famille.
Le lendemain, elle revenait à la maison,
et continua de m’apprendre à marcher sur ses petits chemins…
Et du haut de ses douze ans,
on peut dire qu’elle ravagea la mouquère.

Texte et film de Luc

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10 septembre 2009

Les soeurs

Il est le frère. Elles sont les sœurs. (...) Elles sont courtes, massives, brunes, carrées, incompréhensibles. Elles font tout par deux. Elles ont quinze et quatorze ans quand il en a onze. (...) Les sœurs ont de fortes mains courtes et rouges. Leurs pieds sont à l'unisson. L'été, au bord de la rivière, elles entreprennent de laborieuses et réciproques expérimentations de vernis sur les ongles de leurs orteils.

Marie Hélène Lafon "Sur la photo" 2003

Lolita

J'aime bien cette idée de désigner les sœurs par "les sœurs" comme une entité indissociable. J'aime bien le regard sans concession du frère sur les sœurs.

26 août 2009

éblouie de désir

enfer

Photographie de Mlle d'Enfer(t)

14 août 2009

Louis par Marthe (par Fred)

Marthe haussa les épaules. Elle regarda Louis, qui, patient, attendait. De loin, personne n'aurait rien dit de spécial de lui. Mais, de près, disons à quatre-vingts centimètres, tout chavirait. Fallait pas chercher très loin pour savoir pourquoi tout le monde venait tout lui raconter. Disons qu'à un mètre cinquante, deux mètres disons, Louis avait une tête de savant inflexible, inabordable, comme les gars dans les manuels d'histoire. À un mètre, on n'était plus aussi sûr de son affaire. Plus on approchait, pire ça basculait. L'index qu'il vous posait doucement sur le bras pour poser une question, ça vous tirait les paroles tout seul (...) Louis se trouvait moche, vingt ans qu'elle lui expliquait le contraire, mais il se trouvait très moche quand même et tant mieux pour lui si les femmes se trompaient, il disait. C'est un monde d'entendre ça, elle qui avait connu des centaines d'hommes et qui n'en avait aimé que quatre, c'est dire si elle avait du jugement.

Fred Vargas, Un peu plus loin sur la droite

9 août 2009

Ninja

ninja

C'est la copine du cheval de bois, de la vieille branche et de l'alien.

Photographie de DD.

5 août 2009

le vendeur de moquette

CretinBlablaIl se dandine dans les rayons du magasin, s'occupe de trois clients en même temps, se disperse, parle pour ne rien dire d'une petite voix agaçante. Le cheveu sur la langue, sympathique chez une majorité de personnes, constitue chez lui un détail irritant, un détail de plus.

Le responsable lui demande s'il s'est enfin décidé à retrouver le papier qu'il a perdu le matin même. Il répond d'un sourire niais et d'une blague qui tombe à plat.

Il finit ma facture, emballe mon achat, dit encore des phrases idiotes avec son air lunaire. Puis il va s'occuper d'un autre client.

Le responsable me jette un regard désabusé en haussant les épaules quand je quitte le magasin. L'autre l'agace mais il ne peut rien y faire : on n'assomme pas un collègue à coup de barres de seuil ou de tringle à rideau... ça ne se fait pas.

texte et illustration de MissTortue

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